Vancouver island : découverte
Longeant la côte ouest de la Colombie-Britannique, l’île de Vancouver est un joyau naturel pour les randonneurs. Sauvage et parfois inhospitalière, elle regorge d’une faune et d’une flore hors du commun dont l’une des dernières forêts pluvieuses tempérées du monde.
Avec 88 % de forêts, l’île de Vancouver offre aux amoureux de la nature de nombreux sentiers de randonnées. Je n’avais donc que l’embarras du choix pour choisir ma destination. Très vite, les rencontres faites au fil de mon voyage m’ont poussé vers la côte ouest de l’île, réputée pour sa forêt humide tempérée, appelée aussi rain forest. Une forêt ancienne devenue très rare dans le monde. On en trouve encore quelques exemples en Australie, en Nouvelle Zélande, au Chili et en Norvège. Sur l’île, il peut tomber jusqu’à trois mètres de pluie par an ! D’où une faune et une flore endémiques comme des cèdres millénaires, ou encore des sapins de Douglas pouvant atteindre 80 mètres de hauteur.
En toile de fond, une chaîne montagneuse, l’océan Pacifique à ses pieds, un climat frais et humide… Me voici dans la réserve du parc national Pacific Rim, à la rencontre de la rain forest. On trouve dans ce parc une plage de sable blanc (Long Beach), un groupe d’îles (l’archipel Broken Group) et le fameux West Coast Trail, entre Bamfield et Port Renfrew, un sentier pédestre de 75 km qui s’adresse avant tout aux marcheurs expérimentés. Pour réaliser cette randonnée, il faut environ sept jours et pas moyen de quitter le sentier une fois qu’on s’y est engagé, à moins de revenir sur ses pas. Il faut donc prévoir sa nourriture. Accessible Accessible seulement d’avril à octobre, en raison des conditions météorologiques, ce parcours exige une préparation physique importante. Les randonneurs moins expérimentés ne sont pas pour autant en reste. La bande côtière entre Ucluelet et Tofino offre des sentiers pédestres plus faciles, permettant d’admirer aussi les vestiges de cette forêt pluvieuse.
D’ailleurs, depuis 2001, cette partie de l’île est classée réserve de la biosphère de l’UNESCO. Rien d’étonnant, étant donné la beauté du paysage. Je découvre des lichens, des troncs d’arbres jonchant le sol, des mousses en grappes d’un vert éclatant, des fougères en arabesque et des centaines de plantes enchevêtrées les unes aux autres. Le cri d’un aigle à tête blanche attire mon attention. Je l’aperçois sur la cime d’un pin. Tout près de là, un pic-vert martèle un tronc à la recherche de larves. Sur mon parcours longeant la plage, un lion de mer se prélasser sur une roche. Une forêt féerique, peu hospitalière mais splendide, surtout lorsque les rayons du soleil percent et illuminent cette végétation unique et dense.
Ici règnent en maître les cèdres rouges, les épicéas de Sitka et les sapins de Douglas. Face à ces géants verts hauts de 80 mètres et larges de 4, 5 mètres, parfois âgés de plus de 800 ans – et qui nous rappellent d’autres arbres géants – , l’homme se sent minuscule. Enveloppé de persistantes effluves de bois mouillé, se promener parmi eux constitue une expérience presque tropicale. Les limaces et les insectes pullulent. Les formes naturelles auxquelles je suis habituée sont complètement bouleversées, tout comme ma perception de l’environnement. Certains de ces géants ne semblent reposer que sur des racines aériennes. Un autochtone m’explique que les graines poussent sur les troncs morts et que les racines enlacent progressivement ce corps inerte jusqu’au sol, puis, ce dernier fini par se décomposer. Maître des lieux, ces géants verts semblent immuables et éternels.
Pourtant, ils sont menacés par l’homme. Sur la route du retour, je constate avec effroi que les compagnies forestières privées continuent de pratiquer des « coupes à blanc ». Il s’agit d’abattre tous les arbres sur de vastes étendues. Ainsi, des pans entiers de montagnes sont entièrement dévastés, laissant place à des paysages de désolation. Ce qui n’est pas sans conséquence pour l’écosystème. Aujourd’hui, seules 12 % des terres de la Colombie-Britannique sont protégées. Les géants verts ayant résisté pendant plus de 800 ans, pourront-ils encore longtemps tenir debout dans les siècles à venir ?