Récit de voyage : le voyage à la voile, au gré des vents et des envies
Septembre 2007. En retard sur l’horaire, la date, le mois, encore à bricoler, pas prêt, jamais prêt, tant pis, nous partons sur notre voilier dénommé MITI. Nous, c’est-à-dire notre famille, David, le capitaine, Valérie et nos deux enfants Bastien et Morgan. C’est une envie d’ailleurs qui nous pousse. Pas une envie soudaine, puisqu’il nous a fallu dix ans pour réaliser ce projet, surtout sur le plan financier. Dix ans pour retaper une grange en appartements, les louer et nous assurer quelques revenus réguliers.
Voyager autour du monde à la voile
Après tout ce temps, enfin, nous sortons de notre port d’attache : Port Saint Louis du Rhône. Nous nous sommes donnés quatre années pour visiter le monde.
C’est le moyen le plus économique que nous ayons trouvé pour voir un maximum de lieux. Ce monde que nous réduirons, au fil de notre périple, à l’Atlantique Nord et à un tour des Caraïbes. Car la vie de marin est bien plus rude que nous l’avions imaginée. Avant d’obtenir le paradis il nous faudra supporter le purgatoire : mal de mer, longueur des navigations, affronter le mauvais temps, limite du budget, … la réalité quoi ! Nous partons donc pour l’Atlantique… direction plein est ! Nous voulons passer par Nice puis la Corse. Une logique purement personnelle. Le temps s’égraine rapidement et nous sommes déjà en novembre. Il est plus que temps de faire du sud. Dernier au revoir à la France, puis nous visons la porte de la Méditerranée.
Première traversée de plus de 24 heures, premiers embruns, première tempête et premières vociférations contre la météo dont les prévisions fausses sont bien éloignées de la réalité. Tout ce qui flotte est au ralenti : cargos, bateaux de croisière et voiliers sont sensiblement à la même vitesse. Le vent souffle, souffle, la mer grossit et nous secoue dans un sens, dans l’autre. MITI devient une machine à laver et nous sommes brassés dans tous les sens. Rien de comparable, nous sommes tous malades à différents niveaux. Le voilier poursuit une route sud alors que nous voulons aller à l’ouest. Qui commande ? La Mer.
Le ton est donné, la route directe sera rarement notre chemin et seuls Messieurs Météo et Niveau des vagues feront infléchir nos décisions, souvent, très souvent. Le choix de la prochaine escale, toujours débattu est un savant mélange des désirs de chacun des membres de l’équipage ajouté aux contraintes de temps, d’argent, d’école, de conditions de mer, etc. Mais toujours, nous traînons et nos escales se prolongent.
Notre journée type à terre est séparée en deux, les visites et les approvisionnements s’effectuant en général l’après-midi, le matin est consacré à l’école avec l’aide du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). Les jours de la semaine n’ont plus la même signification. Le travail scolaire est coincé entre les nécessités du bord et les navigations. Il n’est pas rare de trouver un mercredi ou un dimanche en haut de la page des cahiers des enfants. La relâche s’effectuant un autre jour. Nous sommes donc transformé en instituteurs et il faut bien l’avouer, il est bien difficile de faire classe, lorsque la plage n’est qu’à une dizaine de mètres et que le voilier flotte au-dessus de coraux pleins de poissons multicolores.